La Première ministre Élisabeth Borne s’est exprimée devant le patronat français, ce lundi 29 août 2022, pour appeler les entreprises à la sobriété énergétique, alors que l’approvisionnement énergétique en France est fragilisé à l’approche de l’automne et que les prix de l’énergie battent des records.
Le Medef a ouvert sa Rencontre des entrepreneurs de France (REF) ce lundi à l’hippodrome de Longchamps. Voici ce qu’il faut retenir du discours d’Élisabeth Borne.
« Nous entrons dans l’ère de la responsabilité collective »
La Première ministre a enjoint les entreprises à réduire leur consommation en énergie face au « dérèglement climatique », « concret, tangible, visible », mais aussi face à la guerre en Ukraine et aux sanctions imposées à la Russie, qui « ont un coût » énergétique.
« Nous savons déjà que nous aurons cet hiver moins de gaz que les autres années, a-t-elle reconnu. […] Nous n’avons qu’une seule voie : la baisse de notre consommation d’énergie. »
« État, collectivités, entreprises, associations : chacun doit prendre sa part à sa mesure, nous avons tous notre rôle à jouer, nous entrons dans l’ère de la responsabilité collective », a assuré Élisabeth Borne.
Un « plan de sobriété » dans chaque entreprise
Élisabeth Borne a invité les entreprises à nommer « un ambassadeur de la sobriété dans chaque entreprise » sur le modèle des référents Covid-19, un dispositif qui avait « bien fonctionné ».
« J’appelle chaque entreprise à établir en septembre son propre plan de sobriété », a-t-elle ajouté, dans un objectif de réduction de 10 % de sa consommation en énergie. Élisabeth Borne a assuré que les ministères étaient déjà engagés dans cette dynamique.
La ministre a notamment appelé à « arrêter dès maintenant toutes les consommations d’énergie qui ne sont pas indispensables. »
Élisabeth Borne avait déclaré dans un entretien au Parisien paru dimanche que les Français ne seraient pas contrôlés chez eux dans leur consommation énergétique mais que « concernant les entreprises, il y aura des contraintes de bon sens ».
L’appel à des « propositions ambitieuses »
La cheffe de gouvernement a invité les entreprises à lui faire « part de propositions ambitieuses » pour avancer dans cette direction.
« Certaines entreprises font déjà le choix de conditionner une part du salaire de leurs dirigeants à l’atteinte des objectifs RSE », s’est réjouie Élisabeth Borne, qualifiant cette décision d’« excellente chose ».
Pour la ministre, les entreprises doivent aussi accompagner les salariés « en les aidant à adapter des mobilités plus propres, mais également en limitant les déplacements et en favorisant les nouvelles manières de travailler ».
En cas de rationnement, « les entreprises seraient les premières touchées »
La Première ministre a rappelé la possibilité de « coupures brutales de gaz » si les efforts nécessaires ne sont pas faits. Elles pourraient « avoir lieu du jour au lendemain avec de graves conséquences économiques et sociales. »
« Si nous devions en arriver au rationnement, les entreprises seraient les premières touchées » a-t-elle prévenu, tout en assurant travailler à une manière d’en limiter l’impact économique. Un point de situation est attendu en octobre.
La ministre a aussi souligné que les entreprises « qui ne se transformeront pas verront leurs parts de marché et leur opportunité, leur attractivité et leur capacité à recruter des talents, se réduire jusqu’à disparaître ».
Un calendrier de planification écologique dès septembre
La cheffe du gouvernement a rappelé l’objectif de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et la nécessité d’une « planification écologique ».
« Dès le mois de septembre », des « discussions » seront lancées sur les forêts, la gestion de l’eau et la production d’énergie décarbonée pour aboutir d’ici à la fin de l’année à une « première vision complète de la planification ».
Deux décrets par ailleurs sont en cours d’examen au Conseil d’État sur l’extinction des publicités lumineuses la nuit et la fermeture des portes pour les commerces climatisés.
« Les entreprises feront leur part »
« Évitons les mesures symboliques, médiatiques, dont l’impact carbone est très faible mais qui pointent les uns ou les autres », s’est fendu Geoffroy Roux de Bézieux, devant la REF, en référence à l’interdiction des jets privés proposée par Clément Beaune.
« Les entreprises feront leur part pour atteindre les objectifs de sobriété énergétique », a promis le patron du Medef. Il a notamment évoqué la température dans les bureaux et les mobilités du quotidien, en poussant les solutions de transport alternatif à la voiture individuelle.
« Il y a ce projet de mettre tous les locaux industriels, les bureaux à 19 degrés cet hiver. Ça ne pose pas de problème particulier. Ça permettra des réductions […]. Je pense que c’est acceptable pour tout le monde », avait-il également déclaré ce lundi matin sur France Inter.